Posséder une intimité minimale constitue l’une des conditions de possibilité d’un ‘‘maintien de soi’’ : dans les processus de subjectivation, une sphère intime, dans laquelle il est possible de se réfugier face aux affres du « public », est nécessaire. Dans ce dossier, nous voulons mettre en avant ce lien entre intimité et subjectivation, ce qui passe nécessairement par une redéfinition de l’intimité comme une dynamique, jamais figée, entre espaces habités et lieux publics. Les cinq articles de ce dossier proposent donc des réflexions sur les éléments qui forment l’expérience de l’intimité, laquelle n’est pas limitée – ni théoriquement ni pratiquement – à un espace de repli, protecteur. Cette expérience se déploie spatialement, mais aussi dans différents rapports à un milieu de vie, qui s’imbriquent les uns les autres ; rapport à soi (capacité à se maintenir et à faire des choix), aux autres (avec qui il s’agit de composer une sphère intime, qui peut être familiale, amoureuse, amicale…), et aux choses (avec lesquelles il s’agit d’avoir un usage familier qui permette l’aise et le repos). Il s’agit donc d’élargir la portée du concept d’intimité, de ne pas le comprendre seulement comme un repli pour mieux prendre en compte les différents engagements dans le monde (Thévenot). Les manières délicates dont un sens de l’intimité émerge de relations familiales ou hospitalières sont par exemple abordés, de même qu’un rapport renouvelé et complexifié aux choses, qui engage les personnes à redéfinir leurs actions en fonction de l’habitude forgée par les usages.