Ce symposium, dédié aux transformations qui touchent depuis quelques années les métiers de l’éducation et de la formation, souhaite partager et porter à la discussion un ensemble de recherches scientifiques qui s’inscrivent dans le domaine éducatif, et plus précisément le domaine scolaire français. Les métiers de l’éducation et de la formation suivent de manière assez logique un processus d’évolution continue qui prend en compte les demandes et besoins sociaux. Mais ils sont également amenés à se transformer pour répondre aux injonctions institutionnelles, déclinaisons de politiques publiques surplombantes (et parfois contradictoires) avec des objectifs de performance fixés sur un moyen terme et des indicateurs pour en contrôler les étapes d’application et offrir une évaluation des résultats atteints. C’est tout l’objet de la communication de Mahdi Tamene (communication n°1) qui interroge l’application d’une politique éducative partagée entre l’État et les collectivités territoriales et la complexité à laquelle les personnels de direction sont confrontés dans la mise en œuvre. Ces transformations produisent certes de nouvelles dynamiques car elles ouvrent des perspectives de changement avec des défis à relever et des opportunités à saisir mais elles créent parallèlement de l’incertitude quant à la capacité de chacun à assumer et accompagner les changements, quant aux compétences requises pour faire face aux adaptations nécessaires. Cela pose alors la question de la formation des personnels – depuis la préparation des concours, en passant par les contenus de formation et la formation des formateurs – pour qu’ils s’approprient ces injonctions et sachent y répondre. Sofia Hachemi (communication n°2) prend appui sur le concours des conseillers principaux d’éducation pour mettre en évidence la manière dont le concours s’est lui-même transformé pour répondre aux exigences du nouveau management public. Pour sa part, Peggy Deboudt (communication n°3) aborde l’articulation entre savoirs scientifiques et savoirs professionnels au service de la professionnalisation des enseignants ; elle montre combien l’accompagnement des formateurs et les choix qu’ils privilégient sont susceptibles d’orienter les contenus et de produire du sens dans les actions menées. Le sens de l’action professionnelle est effectivement un autre point d’importance dans l’étude des transformations. Cela pose la question du sens des réformes engagées, entre participation volontaire – dans le cadre de projets qui associent un ensemble de collègues – et participation subie, liée aux contraintes professionnelles – référentiels, protocoles, dispositifs spécifiques… Dans les établissements scolaires, on constate à quel point le rôle managérial des personnels de direction est essentiel pour insuffler une dynamique collective qui permette d’initier des projets constructifs qui font sens pour les personnels et pour les élèves. Virginie Wurtz (communication n°4) montre que le champ des compétences a besoin d’évoluer, de s’élargir, en s’attachant à mieux prendre en compte ce que ressentent les personnels et comment le développement des compétences psychosociales peut avoir des effets bénéfiques sur le travail mené collectivement. Le contexte d’exercice peut faciliter les adaptations ou au contraire accroître les difficultés déjà existantes. À ce titre, le bâti scolaire a une incidence sur la qualité des conditions de travail et c’est ce qu’analyse Laurent Pointud dans sa recherche (communication n°5). Cette thématique liée au bâti peut devenir l’objet d’un travail collaboratif pour repenser l’existant et l’améliorer, notamment pour ce qui concerne les pratiques pédagogiques. Les pratiques pédagogiques sont au cœur de la construction du métier d’enseignant, un métier complexe qui perd en attractivité tant il est socialement déconsidéré, alors qu’il est traversé par diverses rhétoriques prônant la réussite par la confiance et la bienveillance, comme si une prescription pouvait être autoréalisatrice. C’est l’objet de la recherche de Charbel Nassif (communication n°6) qui interroge les discours actuels sur la bienveillance et la manière d’édulcorer les difficultés inhérentes au métier d’enseignant. L’ensemble de ces communications questionnent les métiers enseignants, d’éducation, de direction et de formation dans le champ scolaire. Chacune, par son angle d’étude original et complémentaire, aborde les interactions entre la recherche, ce qu’elle produit, et la réception qui en est faite dans les établissements scolaires, au plus près des acteurs concernés. Ces communications, prenant appui sur des méthodes qualitatives, créent des liens étroits entre les hypothèses des chercheurs et les réponses apportées par les terrains d’enquête où les professionnels participants sont placés en position d’experts de leur pratique. Cette relation qui s’instaure, basée sur une confiance réciproque qu’il s’agit de construire et de nourrir, produit des résultats de recherche particulièrement féconds car discutés entre chercheurs et praticiens, et des résultats individuels tout aussi riches en termes de réflexivité et de développement professionnel.