Le corps laissé à la
nature, mort ou vif ; le corps mis en quarantaine ; le corps exclu, mis
au ban de la société ; le corps qui s’adonne à des pratiques déviantes
et réprouvées : les corps abandonnés s’égrènent dans une sombre litanie.
De quelle catastrophe le corps abandonné est-il alors le sujet ? De
quelle épiphanie ? L’ouvrage consiste en l’exploration de cet abandon du
corps à partir de plusieurs partis pris. Le premier est celui de ne pas
faire de ce sujet une thématique, mais une question à partir de
l’analyse d’une tension entre la vulnérabilité et la puissance du corps,
à partir de la mise en évidence de leur retournement. Le second est de
faire dialoguer les époques de l’Antiquité à aujourd’hui ainsi les
perspectives disciplinaires (histoire, art, littérature) afin de
montrer des lieux de singularité, des situations critiques, des temps de
renversement entre faiblesse et énergie, abattement et prise d’élan.
L’apport méthodologique et épistémologique de l’ouvrage réside dans ces
échos, ces entrelacs, ces effets de palimpseste mis en œuvre et à
l’œuvre au creux de ces dialectiques.