Depuis la loi de 2005, dans la veine de la déclaration de Salamanque, l'école française doit accueillir tous les élèves dans le milieu scolaire ordinaire. La mise à l'écart de certains élèves, par des processus d'orientation ségrégatifs a vocation à être remplacée par une scolarisation dans le milieu ordinaire qui devient la référence pour la scolarisation de tous. Cette politique inclusive rencontre sur le terrain des pratiques et habitudes de fonctionnement installées au fil du temps, d’où une forme scolaire française qui se traduit à plusieurs niveaux : dans les dispositions des classes, dans l'architecture des écoles, dans les pratiques pédagogiques, dans la disciplinarisation du corps des élèves. La forme scolaire a-t-elle été modifiée depuis l’entrée dans le paradigme inclusif ? Nous avons choisi d’examiner cette question, en prenant, comme indicateur, le corps des élèves et la façon dont il est pris en compte. Dès lors, plusieurs questions se posent : l’éducation inclusive se traduit-elle par une modification de l’organisation pédagogique prenant en compte d’une façon renouvelée le corps des élèves ? La notion de besoin éducatif particulier prend-elle en charge cette dimension corporelle ? En partant de constats préliminaires établis dans une recherche-action précédente, nous avons mené une observation participante dans une école élémentaire comprenant 11 classes, et un dispositif ULIS cette observation est complétée par un focus groupe, des observations dans les classes, des entretiens et questionnaires. Deux autres écoles ainsi que les réunions du pôle ressource de circonscription nous permettent de mettre en perspective les données recueillies sur notre terrain. Cette recherche nous permettra de repérer une éventuelle évolution des pratiques et des discours notamment en ce qui concerne la prise en compte du corps des élèves. Sommes-nous sortis du modèle disciplinaire formalisé par Michel Foucault ?